Mea Culpa

 

Dans cette installation se confrontent une image aux couleurs douces et rassurantes d’un Christ inspirée du Saint Suaire avec des éléments évoquant la violence institutionnalisée du système ecclésiastique, exercée au cours du temps sur les corps et les esprits.

Le porte-manteau renvoie à l’univers de l’école, de l’internat, du monastère ou de l’hospice sur lequel les hôtes déposent leurs « vêtements de trop » pour passer d’un monde à l’autre au-travers de la nature diverse de leurs activités, tantôt matérielles, intellectuelles ou corporelles.

J’ai transformé ces « vêtements-peau » en objets organiques ressemblant à des restes de dépeçage. La texture choisie évoque des stigmates laissés sur la peau par la vieillesse, les maladies (lèpre, peste, écrouelles…), la Passion du Christ ou encore les souffrances des martyres. Une cagoule de châtiments en forme déguisement entretient l’ambiguïté des significations entre l’inquisition, la pénitence et les rituels de confréries secrètes.

Le titre choisi « Mea Culpa », c’est-à-dire « Ma faute » au sens strict, se comprend par extension comme une volonté de se repentir et de s’excuser.

Mais de quelle faute parle-t-on ? Et commise par qui ?

Ici, il peut être murmuré par l’Église au regard de tous les abus commis en son nom, par le spectateur qui se l’approprierait personnellement à cause de son vécu, par Dieu lui-même, par les victimes de la répression morale, par les croyants… créant ainsi une boucle entre tous ces acteurs individuels et collectifs.

L’expression latine, martelée comme un mantra, devient rite d’exorcisme, tantôt conscient, tantôt inconscient.

 

Image peinte d’un visage de Christ sur un linge et porte-manteau avec cinq formes suspendues en tissu.
H : 1,50 cm, l : 90 cm
2018